Actualités des projets urbains | 25.07.2018

Ce mercredi 25 juillet 2018 se tenait une conférence de presse sur la dernière phase des fouilles au Grognon. À la veille de la clôture de la phase principale de l’opération archéologique du Grognon, il est encore trop tôt pour proposer une synthèse des nombreuses données acquises, faute du recul suffisant et compte-tenu des analyses à entreprendre. Néanmoins, 10 découvertes d’un intérêt tout particulier fournissent le prétexte à envisager l’évolution générale du site, replacée à l’échelle de la ville – voire au-delà !

  1. Premiers occupants : un établissement du Néolithique Récent/final. Au-delà d’un Mésolithique assez diffus, la surface des limons originels a livré les traces d’un premier habitat, probablement daté du Néolithique Récent ou final (vers -2500), vestiges particulièrement rares pour nos régions. Fosses, fossés et trous de poteaux témoignent d’un établissement sédentaire. Le plan ne permet cependant pas de définir des éléments architecturaux complets, tels que des bâtiments.
  2. Une inhumation atypique : des sépultures, aux origines de Namur. Le tracé d’une route et l’implantation d’un sanctuaire, à la pointe du confluent, constituent assurément les gestes fondateurs de l’agglomération romaine de Namur, à l’époque augustéenne (Ier s.). Mais auparavant, un épandage de céramiques précoces et surtout deux sépultures à inhumation, totalement atypiques pour la période, sont les premiers indices de ce destin. Leur interprétation pose question…
  3. Une inscription latine : des dieux et des jeux à l’époque romaine. Le démontage des structures du sanctuaire gallo-romain a révélé une nouvelle inscription latine. Ce petit autel en pierre blanche porte une inscription votive, assez complète. La mention de « jeux » (ludum) invite à une relecture de l’aire sacrée du confluent.
  4. Une fosse du Bas-Empire : l’artisanat au confluent durant l’Antiquité Tardive. En rive de Meuse, une grande fosse rectangulaire correspond vraisemblablement à un cellier ou un petit atelier, daté entre la fin du 4e et le milieu du 5e s. Son comblement supérieur comportait les indices de plusieurs artisanats concomitants : ébauches d’épingles en os, creuset de métallurgie des alliages de cuivre et fabrication de boucles de ceintures.
  5. Un four de potier : production de céramique mérovingienne. Vers la fin du 7e s., un potier est venu installer son atelier dans les ruines du sanctuaire gallo-romain abandonné. Un four, quelques fosses, de nombreux rebuts et un poinçon en bois de cerf confirment le rôle de Namur dans la production et la diffusion des céramiques mérovingiennes mosanes.
  6. Les sépultures des berges : topographie funéraire au 8e s. Depuis la découverte de l’« Enfant des berges » en 2000, ce sont aujourd’hui 13 corps qui ont été enregistrés sur les rives de Meuse, entre le milieu du 7e et le début du 9e s. Le rejet de ces individus en-dehors de toute terre consacrée pose toujours question. L’inhumation conjointe de deux défunts, placés tête-bêche dans la même sépulture, renforcent le caractère exceptionnel de ces tombes si particulières.
  7. Un malaxeur à mortier : le chantier de l’Enceinte comtale. Dans le secteur de la Porte de Grognon, une lentille de mortier d’un diamètre de plus de 2m correspond à l’emplacement d’un malaxeur, installation de chantier caractéristique des sites élitaires des périodes carolingienne et ottonienne. L’existence d’un malaxeur à mortier au Grognon est incontestablement à mettre en relation avec la construction de la Première Enceinte, d’initiative comtale.
  8. Des latrines en bois : le redéploiement de l’habitat urbain. Plusieurs fosses, silos et latrines déterminent l’organisation de l’habitat urbain intra muros des 10e et 11e s. Une basse fosse de latrine en bois, très comparable à celle étudiée précédemment sous la Place d’Armes, documente la prise en charge progressive des questions sanitaires, avant la généralisation des fosses d’aisances.
  9. Des tonneaux : pour quelle fonction ? Au cœur du quartier Saint-Hilaire, quatre structures sont constituées de tonneaux empilés, enterrés dans l’espace de cour, à l’arrière de maisons des 14e-15e s. Tonneaux de vin ou caques à harengs au départ, ils y ont été réutilisés pour maintenir les parois de profonds creusements. Mais dans quel but : puits, latrines ou structures artisanales ?
  10. Un balustre en chêne : éléments d’architecture privée. Le suivi archéologique des terrassements profonds entrepris pour la construction du parking souterrain a notamment permis d’atteindre le fond des fosses d’aisances modernes. Leur mobilier permet d’en dater l’utilisation, de documenter la vie des habitants. Un balustre de palier ou de galerie en chêne renvoie à l’organisation des circulations interne de la maison namuroise des 18e-19e s.

Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le 19 septembre à la Bourse pour une grande conférence de synthèse ouverte au public.